Simon Barber

Simon Barber

Directeur général d'Assystem pour le Royaume-Uni

Simon Barber a plus de 27 ans d’expérience dans le secteur nucléaire britannique, où il a travaillé dans les domaines du New Build, de la défense et des réseaux électriques. Simon est devenu le directeur général d’Assystem au Royaume-Uni en 2020, apportant ses connaissances approfondies du secteur nucléaire britannique au groupe afin de soutenir l’accélération de la transition énergétique britannique.

Quels sont les ambitions et les défis de la transition énergétique au Royaume-Uni ?

Dans ce nouvel épisode, nous abordons la stratégie énergétique du Royaume-Uni. Le Royaume-Uni a publié sa stratégie « Net Zero » en 2021, visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cette stratégie a été suivie par la « Stratégie de Sécurité Énergétique » publiée début 2022. Elle a pour objectif d’atteindre l’indépendance énergétique du pays en fournissant notamment jusqu’à 50 gigawatts d’éolien offshore, 10 gigawatts d’hydrogène d’ici 2030, et jusqu’à 24 gigawatts de nucléaire supplémentaires d’ici 2050.

Ces ambitions pourraient signifier pour le secteur nucléaire britannique de développer jusqu’à 8 nouveaux réacteurs, de grande puissance mais aussi des petits réacteurs modulaires. Ces SMR sont une technologie nucléaire dont nous avons déjà parlé dans l’émission et qui sera essentielle pour les objectifs britanniques. Il est également prévu que le Royaume-Uni construise et mette en service un prototype de réacteur de fusion nucléaire appelé STEP, qui vise à démontrer la viabilité commerciale de cette technologie.

Le Royaume-Uni serait bien placé pour mener le développement industriel de la technologie de fusion et influencer les marchés mondiaux, si un cadre réglementaire solide est établi.

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Quels sont les ambitions et les défis de la transition énergétique au Royaume-Uni ?

Première grande économie à inscrire dans la loi l'obligation d'atteindre l’objectif ‘’Net Zéro’’ d'ici 2050, le Royaume-Uni a publié sa stratégie Net Zéro en 2021, suivie début 2022 d’une publication de la « Stratégie de Sécurité Énergétique ». L’objectif ? Atteindre l'indépendance énergétique en fournissant notamment jusqu’à 50 gigawatts d'éolien offshore, 10 gigawatts d'hydrogène d'ici 2030, et jusqu'à 24 gigawatts d’énergie nucléaire supplémentaires d'ici 2050.
Ambitions, moyens et étapes clés… Simon Barber, Directeur général du groupe Assystem au Royaume-Uni décrypte les enjeux de cette politique volontariste.

 

Un cadre d’action clair, une politique ambitieuse

Pour Simon Barber, « la stratégie Net Zéro et la Stratégie de Sécurité Énergétique permettent au Royaume-Uni de se doter d’un cadre politique clair pour remplir sa mission, ce qui est la clé de sa réussite. » Pour atteindre son cap, le gouvernement entend s’appuyer sur deux leviers : accélérer le développement de nouvelles technologies d’une part ; et d’autre part, capitaliser sur les fondations déjà mises en place pour certaines technologies, comme l'éolien offshore, qui est une réussite à l’échelle du pays. La pierre angulaire devra rester l’énergie nucléaire, considérée comme une source de production massive d’électricité à faible émission de carbone. « L'ambition que le Royaume-Uni s’est fixée est que d'ici 2050, un quart de l'électricité consommée au Royaume-Uni provienne de l'énergie nucléaire », rappelle Simon. « Ce qui représente jusqu'à 24 gigawatts de nouvelles centrales nucléaires sur le réseau d'ici 2050 - soit le triple d’aujourd’hui. » Le programme concernant l’hydrogène sera tout aussi ambitieux. Alors que le Royaume-Uni s’est emparé du sujet, il y quelques années seulement, le pays vise une production de dix gigawatts d'hydrogène d'ici 2030. Combiné au précédent plan publié en 2019, qui cible la décarbonation des transports - ferroviaires, maritimes, routiers avec la transition vers les véhicules électriques et aviation (stratégie appelée Jet Zéro) - et détaille les défis qui accompagnent cet enjeu, le Royaume-Uni s’est doté d’une politique de sécurité énergétique très complète à partir de sources renouvelables. Seul bémol, cette politique est muette sur les réseaux électriques, « or celle-ci est déterminante pour transporter et acheminer la production d’électricité comme d’hydrogène vers les consommateurs finaux », alerte Simon.

 

Le nucléaire, base de la stratégie de sécurité énergétique

« Pour le gouvernement britannique, la politique permettant de garantir l’indépendance énergétique tout en favorisant une stratégie bas carbone doit s’appuyer en premier lieu sur le nucléaire qui a fait ses preuves au Royaume-Uni », souligne Simon. En la matière, les ambitions affichées du Royaume-Uni pourraient signifier de développer jusqu'à huit nouveaux réacteurs de grande puissance. Il est également prévu que le pays construise et mette en service un prototype de réacteur de fusion nucléaire appelé STEP, qui vise à démontrer la viabilité commerciale de cette technologie. « Le Royaume-Uni serait alors bien placé pour mener le développement industriel de la technologie de fusion et influencer les marchés mondiaux, à la condition qu’un cadre réglementaire solide soit établi », explique Simon Barber. Pour accélérer le déploiement du nucléaire, le gouvernement s’outille, il a notamment annoncé la formation d’un organisme dédié, le « Great British Nuclear » dont le but sera double : développer des réacteurs à grande échelle, à l’instar d’Hinkley Point C. Mais aussi, en complément, investir sur les petits réacteurs modulaires (les SMR), qui s’avèrent être une solution très intéressante, compte tenu de la configuration du pays – une île de relative petite taille assez encombrée et très peuplée. « Pour le nucléaire à grande échelle, seul un petit nombre de sites conviennent. Les SMR pourraient permettre d’accéder à davantage de sites, notamment ceux ayant historiquement produit de l’énergie nucléaire, mais de taille insuffisante pour y implanter des centrales à grande échelle », décrypte Simon. Ainsi, Rolls-Royce, qui développe la technologie SMR au Royaume-Uni, s'intéresse tout particulièrement à ces sites. Il a initié, avec le groupe Assystem en tant que partenaire sur l’ensemble du processus, une phase de conception pour développer les projets, cofinancés par le gouvernement. Dès les approbations réglementaires obtenues, son objectif et ambition sera de commencer à attirer les développeurs privés et de passer réellement à une phase de déploiement, d’ici 2029. « Les SMR pourraient positionner le Royaume-Uni comme un exportateur potentiel de technologies de premier plan avec le déploiement par Rolls-Royce d'une technologie soumise au processus d'approbation réglementaire du Royaume-Uni », indique Simon.

« Par leur petite taille, les SMR sont une opportunité pour accéder à davantage de sites et atteindre les objectifs fixés. »

 

Hydrogène, réseaux de distribution… nouveaux défis en perspective

L’hydrogène en tant que vecteur énergétique sera aussi une composante clé du mix énergétique. Sur ce plan, le Royaume-Uni, qui se positionne en tant que pionnier, va formaliser prochainement une stratégie qui abordera tous les aspects de la question, de l’exploration au transport et au stockage. Sur ce sujet qui est nouveau, les défis ne résideront pas dans les compétences – le pays devrait pouvoir transposer celles acquises de longue date dans son secteur pétrolier et gazier - mais dans la manière dont l’hydrogène va alimenter et intégrer l’infrastructure de production. Plus globalement, le Royaume-Uni va devoir réfléchir à son infrastructure de transport. Avec la question suivante : sera-t-il possible d’utiliser le système national de transport de gaz actuel et si oui comment ? Cela exigera des compétences et innovations indispensables pour le réaliser. « De façon plus large encore, rappelle Simon, la stratégie énergétique envisagée posera des défis associés à la transmission et à la distribution d’électricité. Elle nécessitera un système de réseaux très différent, avec là encore des besoins d’investissement importants. »

« Presque toutes nos infrastructures devront changer au cours des 30 prochaines années. C'est donc un défi énorme. Lorsque vous vous éloignez de ce que nous avons traditionnellement eu au Royaume-Uni, à savoir de grandes centrales à charbon et à gaz, un réseau de distribution très centralisé pour l'électricité, et que vous passez aux énergies renouvelables, à l'éolien offshore en particulier, alors vous avez besoin d'un système de réseaux très différent  ».

 

Les transports au cœur de la stratégie

Avec 25 % des émissions totales du Royaume-Uni, le transport est le secteur le plus émetteur de l'économie. Concrétiser les engagements du Royaume-Uni passe donc nécessairement par prendre des mesures dans tous les champs du transport. Cela va se traduire par une accélération de l'électrification, avec le déploiement des véhicules électriques conjugué à celui des infrastructures de recharge associées. L'hydrogène pourrait être appelé à jouer un rôle clé dans cette décarbonation, pour l’électrification des trains, mais aussi comme source potentielle de carburant pour les bus et les camions.

«  Chez Assystem, nous jouons un rôle actif sur ces sujets. Nous sommes par exemple fortement impliqués dans la conversion à l'hydrogène pour les réseaux de transport public ou encore les trains. » 

 

Quelles conditions pour réussir cette transition énergétique ?

La première des conditions est de développer les bonnes compétences. Au sein d'Assystem, ce sujet est pleinement pris en compte. Par exemple, le Groupe s’est engagé à intégrer 100 femmes diplômées ingénieures d'ici 2025 sur le projet d’Hinkley Point C. Il a également lancé une stratégie tournée vers les techniciens pour leur permettre d’acquérir les savoir-faire et les capacités nécessaires à la mise en service de nouvelles centrales électriques, par exemple. « Assystem a un rôle à jouer en tant qu'acteur majeur de l'industrie pour combler ce déficit de compétences et commencer à investir sans attendre », appuie Simon Barber. L’autre enjeu concerne le digital, un facteur clé de succès dans la réalisation de tous ces projets complexes. Et ce, d’autant plus crucial que les compétences se feront plus rares. Il a en effet été prouvé que le digital peut réduire jusqu'à 30 % les efforts en matière de ressources de certaines activités. Le digital est également un atout majeur pour renforcer la connectivité et la collaboration entre les équipes, à l’échelle internationale. Groupe implanté mondialement, Assystem en a fait un levier de différenciation. « Par ce biais, la société indienne Stup acquise en 2021 va pouvoir contribuer à la réalisation de programmes britanniques. »

 

Découvrez quelques-uns de nos projets dans le secteur du nucléaire au Royaume-Uni :

Découvrir nos podcasts

S1 - Épisode 3 | Comment les projets SMR vont-ils changer la donne dans le secteur de l’énergie ?

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S1 - Épisode 5 | Hydrogène : une révolution en marche pour la transition énergétique ?

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S1 - Épisode 1 | Accélérer le développement du nucléaire à travers le monde grâce au digital

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